Homélie de Mgr Crepy en la Cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation du Puy-en-Velay, prononcée le 25 décembre 2018.

Fête de Noël

Homélie

Avec Noël, quelque chose de nouveau est possible !

Que fêtons-nous à Noël ? Qu’est-ce qui est au cœur de cette belle fête qui suscite de grandes illuminations dans nos villes, de la joie et de la solidarité, des cadeaux et des repas familiaux, des beaux concerts et de belles célébrations ? Quel message nous est adressé en ce jour de Noël ? A Noël, nous fêtons une naissance, la naissance d’un enfant, la naissance de Jésus, la naissance du Fils de Dieu, la naissance du Sauveur…

Mais qu’est-ce qu’une naissance ? La naissance, c’est la vie qui commence, c’est la nouveauté d’un être humain qui advient dans notre monde, c’est la nouveauté d’un enfant qui est unique et vient prendre sa place dans notre famille humaine. A chaque naissance, à chaque nouvelle génération, quelque chose de nouveau est mis au monde sur notre terre. Ainsi les parents se penchent sur le berceau du nouveau-né et s’interrogent : quel sera cet enfant auquel nous avons donné la vie, que fera-t-il, qu’apportera-t-il dans notre famille, dans notre monde ? La naissance d’un enfant ouvre et interroge l’avenir. La naissance d’un enfant nous fait espérer que quelque chose de nouveau est possible, que quelque chose peut changer, que la vie n’est pas un éternel recommencement mais un éternel émerveillement devant tout ce que chaque être humain peut apporter de neuf ! Fêter Noël, c’est fêter cette nouveauté que Dieu lui-même incarne dans la naissance de l’enfant Jésus.

Ainsi Noël nous dit que quelque chose de nouveau est possible dans nos existences et dans notre monde. Ces paroles résonnent fortement en ces temps actuels difficiles et souvent conflictuels dans notre pays et, plus largement, sur notre planète où le futur semble bien compliqué et l’avenir chargé de lourds défis à relever. Pourtant Noël ouvre chaque année un horizon nouveau : la venue de Dieu en notre monde par la naissance de Jésus est une brèche définitivement ouverte dans tout ce qui nous fait croire que rien de neuf n’est possible et que tout changement chez nous, chez les autres et dans la société est illusion. Dieu ne serait pas venu habiter parmi nous s’Il désespérait de l’homme, au contraire, comme nous dit saint Jean « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » (Jn 3, 16).

Discrète mais forte, cette nouveauté de Noël est offerte à tous. Elle rejoint toute personne qui l’accueille, à commencer par les plus petits comme les bergers qui, les premiers, viennent à la crèche. Que découvrent-ils ? Un enfant pauvre, né dans une étable et sans avenir aux yeux des hommes, qui se révèlera le Fils de Dieu ; un petit nouveau-né emmailloté dans une mangeoire qui offrira à tous de découvrir la richesse de l’amour d’un Dieu, Père plein de tendresse et de compassion ; l’enfant Jésus qui manifestera, de la crèche à la croix, l’humilité de Dieu qui se donne et vient à la rencontre de toute personne dans tout ce qu’elle a de beau et de fragile.

Noël est un cadeau – un don – offert, depuis 2000 ans, par Dieu à tout homme de bonne volonté : la nouveauté si surprenante de la naissance du Fils de Dieu est une invitation à ouvrir en nous des possibles que nous pensions incessibles, à oser changer et bouger ce qui semblait figé ou abîmé dans nos vies, à ouvrir des chemins nouveaux là où nous ne voyions que des impasses. Chacun peut ainsi accueillir la naissance de l’enfant Jésus comme la possibilité de changer quelque chose dans sa vie, de naître à quelque chose de plus beau, de plus vrai, de meilleur. Cette naissance à « autre chose » – ce passage sur l’autre rive -, c’est ce que Dieu nous propose sans cesse. Disons simplement qu’à Noël, le Christ cherche à naître un peu plus dans nos vies…

Noël n’est donc pas le simple anniversaire de la naissance du Christ. Noël est le commencement d’une présence toujours nouvelle de Dieu au sein de notre monde. Rappelons-nous les toutes dernières paroles de Jésus : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »(Mt 28,20). La présence de Dieu dans l’histoire humaine a pris chair et visage en Jésus, l’Emmanuel, « Dieu avec nous ».

Que fêtons-nous à Noël ? Nous fêtons une espérance : avoir le courage et la confiance de se relever, de se mettre en route, de se tenir aux côtés de leurs prochains – les plus démunis et les plus perdus -, de témoigner de sa foi et de reconnaître en tout être humain, à la suite du Christ, un frère et un enfant aimé de Dieu. Il n’y a pas d’espérance sans nouveauté… La nouveauté de Noël, c’est l’espérance que Dieu nous offre aujourd’hui.

La joie de Noël – comme la joie de l’Evangile –, c’est cette force et cette paix au fond de nous, qui permettent, avec la grâce de Dieu, de garder vive en nous la petite flamme de l’espérance : une simple espérance au gré des étapes heureuses ou difficiles de nos vies, une simple espérance qui nous permet d’avancer dans la nuit, une simple espérance qui demeure quand la foi vacille et quand la charité défaille.

Alors très joyeux Noël à chacune et chacun d’entre vous ! Que la joie et la paix de Noël vous soutiennent tout au long de la nouvelle année 2019 !

+ Luc Crepy
Evêque du Puy-en-Velay