Homélie de Luc Crepy, évêque du Puy-en-Velay, le 1er janvier 2016

« Marie retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur. » (Lc 2,19). Que se passe-t-il dans le cœur de Marie ? De grandes choses ! Nous pourrions, en ce 1er janvier, confier toute cette année nouvelle – doublement jubilaire au Puy – au Cœur de Marie. Dans l’Écriture, il est fait trois fois mention du cœur de Marie. A la crèche, lors de la présentation au Temple quand Syméon annonce à Marie déjà la croix et les souffrances qu’elle vivra : « un glaive transpercera ton cœur » (Lc 2,35) ; et une dernière fois, lorsqu’après trois jours, Joseph et Marie aient cherché Jésus à Jérusalem (Lc 2,51) 
Qu’y-a-t-il dans le cœur d’une mère ? L’amour pour son enfant. Marie est l’unique qui aime le Verbe fait chair, le Sauveur, Jésus le Christ, comme son Fils. En ce sens, l’Eglise déclare Marie, Mère de Dieu. Le cœur de la Mère de Dieu est rempli de cet amour pour son Fils qui est bien le Fils de Dieu. Marie, comme nous, ne comprend pas tout, s’interroge, mais garde tout dans son cœur. On ne comprend pas tout du mystère de l’Incarnation, on ne comprend pas tout de Dieu. Plus on s’approche de Dieu – nous disent les mystiques – plus notre connaissance s’estompe mais pour entrer dans un amour plus grand, plus confiant, plus fort. 
Marie à la Crèche et au Temple, retient et médite les évènements qui arrivent autour de cet enfant à qui elle a donné naissance. Que se passe-t-il dans le cœur de Marie ? Le cœur de Marie est habité par cet amour fort et confiant d’une mère pour son enfant, qu’elle accompagnera jusqu’au bout, jusqu’à la Croix, jusqu’au tombeau, jusqu’au petit matin de Pâques. Mais dans le cœur de Marie, il y a aussi l’amour que son Fils lui porte, l’amour du Fils de Dieu pour sa mère et là aussi nous comprenons pourquoi l’Église déclare Marie, Mère de Dieu. L’amour de Jésus pour sa mère transforme le cœur de Marie, comme pour nous aussi, quand une mère, des parents, laissent leur cœur se transformer au contact, à l’amour de leurs propres enfants. Dans l’Évangile, il y a peu de passages sur l’amour de Jésus pour sa mère. Pourtant les rares endroits où apparaissent ensemble Jésus et Marie, disent de manière juste combien le cœur de Marie est habité par l’amour de son Fils. Rappelez-vous à Cana (cf. Jn, 3,1-12) : Marie s’adresse à son Fils pour lui dire que la noce risque d’être bien triste sans vin. Marie sait que son Fils répondra à sa demande, même si la réponse de Jésus paraît un peu déconcertante. C’est à la demande de Marie que Jésus fait son premier miracle, manifeste sa présence de Fils de Dieu. Le cœur d’une mère connait le cœur de ses enfants, Marie connait l’amour de son Fils pour elle, connait le cœur de son Fils. 
Nous savons aussi qu’au moment le plus douloureux – où la prophétie de Syméon s’accomplit – Jésus sur la croix n’oublie pas sa mère. – « Femme, voici ton fils… voici ta mère » (cf. Jn 19, 26-27). Suspendu à la croix, Jésus n’oublie pas sa mère, celle qui l’aime, et celle qu’il aime, celle dont il connait le cœur aimant. 
Dans ce passage de l’Écriture, l’Église a reconnu le Fils qui nous donne sa mère et qui donne sa mère à ses disciples. Aujourd’hui que se passe-t-il dans le cœur de Marie ? Le cœur de Marie est rempli de l’amour pour tous ceux que son Fils lui confie. Marie, mère de l’Église mais aussi Marie, mère de miséricorde, est attentive à toute notre humanité. 
Le cœur de Marie est aussi habité par l’amour que nous lui portons et, par elle, à son Fils. En priant, en contemplant, en aimant le cœur de Marie, nous prions, nous contemplons, nous aimons le cœur de son Fils puisque le cœur de Marie est tout empli de l’amour de son Fils et de l’amour pour son Fils. Confions donc cette nouvelle année -cette année jubilaire- au cœur de Marie. Marie nous permettra de découvrir plus profondément la miséricorde de Dieu qui prend chair en son Fils.
Prions avec saint Jean Eudes qui a beaucoup prié le cœur de Marie : «  O Mère de Jésus, vous nous regardez et nous aimez comme vos enfants et comme les frères et sœurs de votre Fils Jésus, et du même cœur, et vous nous aimez et aimerez éternellement du même amour de mère dont vous l’aimez.  »